Certainement l’un des sujets en ethnomusicologie qui a suscité le plus de débats.
Etym. : du grec rhutmos, dont la racine est rhéïn : « couler » : d’où le rhume, mais aussi le Rhône et le Rhin…).
1ère remarque générale :
Comment se fait-il que le mot rythme — et pas seulement en français — soit utilisé non seulement en musique,mais encore ds nombre de domaines artistiques (rythme d’une chorégraphie, d’un poème, d’un tableau, dune œuvre architecturale… ),et aussi ds tout un ensemble de pratiques culturelles (rythme de la langue, rythme des gestes, rythme de vie…),dans la constitution naturelle de l’homme (rythmes biologiques), dans les aspects de la nature elle-même, ds ses manifestations périodiques (rythme des saisons, rythmes journaliers… ) ?
Extrait de l’excellent article du site Ethno-musicologie
Pas ici le propos de répondre à cette question,
Mais important de relever que la notion de rythme relève aussi bien de phénomènes anthropologiques que biologiques, voire même cosmologiques.Cf. Notion de rythme nous renvoie directement à l’ordre de la nature, qui présente de nb. ex. de phénomènes cycliques.
Domaine où l’approche interdisciplinaire pourrait être très féconde.
2ème remarque :
Comme pour la notion de hauteur, le rythme n’est jamais qu’un donné de la perception sensible : Cf. quand on dit que « le rythme prend », cela signifie en fait que « le rythme nous a pris ».= phénomène perçu, vécu (à titre indiv. ou collectif).
Toute la question, lorsqu’on veut analyser un rythme, est donc :
comment est-il perçu, vécu (que ce soit du point de vue des musiciens, des auditeurs, des danseurs…)? = question qui relève pas seulement de l’analyse musicale, mais de la psycho-acoustique et des sciences cognitives.
Perspective qui implique :
– d’envisager chaque système rythmique dans sa spécificité :
comment est-il pensé et ressenti par les gens chez lesquels on travaille…
– mais en même temps, qui amène ici aussi à s’interroger sur l’existence d’universaux psycho-physiologiques (cf. comme pour la question des échelles et des intervalles) : les différents systèmes rythmiques représentés ds le monde peuvent-ils être envisagés selon une grille d’analyse universelle ? ou ce qui revient au même, sont-ils susceptibles d’être décrits à l’aide d’une terminologie à vocation universelle ? = perspective qui sous-tend la plupart des travaux sur la question.
Et qui a amené nombre d’auteurs à remettre en question ou à repenser un certain nb de concepts prévalant dans l’analyse des phénomènes rythmiques occidentaux.
Tel que par exemple le concept de « mesure »,que l’on va utiliser en ethnomusico dans son sens premier : = mesure du temps.
≠ pour un groupe de temps (4/4), on parlera plutôt de mètre : cf. emprunt à l’étude de la prosodie (structure métrique d’un vers = nombre de pieds).
Ambiguïté du terme liée à son histoire : au départ, la mesure telle qu’on l’entend aujourd’hui, n’existait pas ds la musique occidentale.
Rappel historique :
Pendant tout le Moyen Age occidental jusqu’à la Renaissance, le seul régulateur du temps, la seule référence est le tactus : = succession de temps isochrones. On ne compte pas par exemple 1, 2, 3, 4… ≠ mais 1, 1, 1, 1… = battue à un temps. On pense par unités de temps et non par série d’unités.
Conception linéaire du temps, qui n’opère pas par regroupement d’unités de temps.= accents mélodiques et rythmiques se placent librement.
Ce tactus pouvait être matérialisé par une signalisation visuelle de la main (gestuelle du chef d’orchestre) ou par une signalisation auditive (battue du pied, flexion du doigt, ou avec un bâton… ), que ce soit à l’église ou au théâtre. En savoir +