Les artistes lyriques ont une mémoire extrêmement précise de la position qu’occupent leurs organes phonatoires pour chaque note de leur tessiture. La plupart de ceux qui possèdent l’oreille absolue – autrement dit, qui sont capables de connaître ou de produire spontanément une hauteur sonore sans aucune référence extérieure – utilisent une stratégie qui laisse supposer que c’est leur mémoire proprioceptive qui leur sert de diapason interne. Si notre hypothèse s’avère exacte, le seul fait de changer la position de l’un de ces organes devrait nécessairement perturber leur contrôle proprioceptif de la justesse.
Afin de le vérifier, nous avons choisi une chanteuse professionnelle dotée de l’oreille absolue qui utilise une technique vocale comportant des légers déplacements laryngés vers le bas pour le grave et vers le haut pour l’aigu. Nous avons réalisé une expérimentation destinée à modifier ses repères proprioceptifs avec la collaboration d’un ostéopathe qui a fait varier la hauteur de son larynx en jouant sur les tensions entre l’os hyoïde et l’occiput.
Protocole expérimental
Des téléxéroradiographies de la tête et du cou de profil, en incidence temporale gauche-plaque (Distance : 3 mètres, Temps d’exposition : 0,15 s, Tension : 120 kv, Intensité : 100 mAS) ont été prises avant et après manipulation sur le sujet debout que l’on a laissé se positionner naturellement sans lui imposer de contraintes. La totalité de l’expérimentation a été enregistrée sur un magnétophone professionnel Nagra III équipé d’un microphone ovni-directionnel Sennheiser, type ME40, afin de conserver les commentaires de la soprano et de pouvoir entreprendre une étude acoustique de la qualité de sa voix avant et après manipulation. Pour ne pas l’influencer dans l’analyse de ses sensations, on ne lui a pas révélé le but véritable des manipulations qu’elle allait subir. En savoir +